Mohammed VI, Barack Obama, alliés de la liberté et de la démocratie
Une coïncidence remarquable a voulu qu'à quelques heures de la date d'investiture de Barack Obama comme quarante-quatrième président des Etats-Unis, Sa Majesté le Roi Mohammed reçoive Thomas Riley, ambassadeur américain qui faisait ses adieux au Souverain après avoir achevé sa mission au Maroc. Le changement de « locataire » s'opérait non seulement à la Maison-Blanche, mais à la résidence à Rabat également. Jusqu'à nouvel ordre, le Maroc ne connaît pas le nouvel représentant des Etats-Unis, Barack Obama ne l'ayant peut-être pas encore choisi et encore moins désigné.
Entre-temps, le nouveau président américain a pris officiellement ses fonctions et lancé ses premières initiatives, qui nourrissent d'ores et déjà de riches commentaires. Il part ainsi, conforté par un soutien international dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est quasi-unanime. Celui que lui apporte Sa Majesté le Roi Mohammed VI demeure à la fois précieux et significatif. Il est fondé sur le nouvel espoir et la volonté de changement qu'incarne le nouveau président des Etats-Unis d'Amérique. Car, le Roi du Maroc vient de lui adresser un message de félicitations de grande portée, qui a valeur de symbole, d'autant plus qu'il s'agit d'un texte qui sort du commun.
Long, chaleureux et profond, il se veut un témoignage de la relation exceptionnelle qui existe entre le Maroc et les Etats-Unis, de l'amitié entre les deux peuples qui ne s'est jamais démentie au cours d'un long parcours, de l'exaltation des idéaux de liberté, de démocratie et de justice que nos deux chefs d'Etat partagent et, enfin, de leur attachement irréductible aux droits de l'Homme. Tout en effet semble rapprocher le Roi du Maroc et le président des Etats-Unis, qui à deux ans près, ont le même âge et incarnent la nouvelle génération de dirigeants portés par la puissante vague populaire et une légitimité incontestable.
Le message de Sa Majesté le Roi au président américain dresse avec justesse l'état des lieux de la relation séculaire entre le Maroc et les Etats-Unis. Plusieurs aspects de cette relation sont traités avec la rigueur et la pertinence qui leur reviennent. La relation bilatérale entre les deux pays est exemplaire, pour ne pas dire exceptionnelle. Le Maroc a toujours été un allié de cette Amérique généreuse, terre des libertés et de l'unité nationale.
L'amitié entre les deux pays remonte à plus de 230 années, des écrits, des documents historiques – notamment l'échange de correspondance entre le Roi Mohammed Ben Abdallah du Maroc et George Washington – l'attestent et l'inscrivent dans une profondeur historique. Sa Majesté Mohammed VI évoque à plusieurs reprises, dans son message à Barack Obama, l'expression de « peuple américain ami ». Ainsi, non seulement rappelle-t-il une dimension de cette relation, mais l'inscrit-il comme un pilier de la coopération bilatérale qui s'articule sur une convergence, politique, économique, culturelle et humaine. « Il s'agit pour nous, affirme le Souverain, de poursuivre résolument le développement du partenariat stratégique privilégié qui lie nos deux pays ». C'est peu dire que le partenariat stratégique est renforcé par l'adjectif de « privilégié », parce qu'il correspond, disons répond en écho à la réalité historique des relations entre les deux pays. Privilégiées, ces relations ? Elles sont exceptionnelles, à vrai dire.
Les gouvernements américains qui se succèdent depuis des lustres apprécient régulièrement à sa juste valeur une telle dimension. Plus encore : depuis l'accession en 1999 de S.M. Mohammed VI au Trône, ils n'ont pas de mots et de qualificatifs assez forts pour soutenir les réformes et les changements initiés par le Souverain sur le plan politique, économique, social, religieux, voire même régional, puisque le projet d'autonomie soumis à l'ONU pour venir à bout du conflit du Sahara et favoriser la paix et la stabilité dans la région reçoit un soutien précieux et positif des Etats-Unis.
Pendant les longues années de la Guerre froide, mettant face à face les Etats-Unis d'Amérique et la l'ex-URSS, confrontant deux conceptions impériales du monde, le communisme et le libéralisme – d'autres disaient à l'époque, la dictature et la liberté -, le Maroc était d'emblée dans le giron stratégique américain. Notre pays avait fait le choix de la liberté, du multipartisme et du pluralisme. Sur un plan stratégique, il revendiquait un « neutralisme actif », davantage proche des pays occidentaux que des Etats communistes dont l'influence, en Afrique notamment, voire au Maghreb, avait provoqué des conséquences ravageuses sur l'unité et la cohésion de nombreux pays.
La relation maroco-américaine peut encore, et certainement mieux, se prévaloir des valeurs que les deux chefs d'Etat, S.M. Mohammed VI et le président Obama, partagent : l'attachement à la démocratie, la liberté et la justice. Le Souverain souligne à ce propos que « ces rapports ont pour fondement le partage des valeurs humaines universelles, en l'occurrence la démocratie, les droits de l'Homme, la dignité humaine, la justice, l'équité, la dissémination des valeurs de la tolérance et de modération, la coexistence entre les religions et les civilisations et le rejet de la violence, de la haine, de l'extrémisme et du terrorisme… » .
Sa Majesté le Roi apporte en aval aussi ce qui constitue l'autre dimension au constat d'engagement : « Les efforts sincères et dévoués en faveur de la solidarité concrète, du progrès et du co-développement », a-t-il précisé. Le plaidoyer royal pour une relation constructive et privilégiée entre le Maroc et les Etats-Unis puise ses fondements dans une ambition commune d'édifier un cadre partenarial – une sorte de « partnership » - où chacun voue le respect nécessaire à l'autre et, en même temps, soutient l'émergence d'un nouvel ordre et une vision de développement équitable.
Le message royal aborde la nécessité, par ailleurs, de l'édification d'un ensemble maghrébin à laquelle les Etats-Unis peuvent largement contribuer. Le Maghreb, dont la population totalise près de 100 millions d'habitants, fédère des potentialités humaines, économiques et civilisationnelles immenses et généreuses. Il peut en effet constituer un ensemble géoéconomique viable et d'autant plus porteur d'espoirs qu'il est à la porte de l'Europe, de l'Afrique et du Monde arabe. C'est inspiré d'une pertinente volonté et d'une grande clairvoyance que Sa Majesté le Roi estime à cet égard qu'il est « question d'œuvrer à l'émergence, dans un esprit de complémentarité, d'une union maghrébine intégrée et de s'employer à l'édification d'un espace régional où les peuples pourront profiter des bienfaits de la sécurité et de la prospérité ».
Tiré de: LE MATIN DU SAHARA ET DU MAGHREB